« Sahn Al Jirane » ou le sens du partage à Amman
· Al mensaf, une fierté de la cuisine jordanienne
· Un Ramadan chaleureux mais aussi très spirituel
De Jerash, la cité romaine, à Petra la Nabatéenne, en passant par Amman jusqu’au désert du Wadi Rum, les Jordaniens ont l’habitude d’aménager leur foyer exceptionnellement à la veille du mois sacré. A l’instar des Marocains, ils s’apprêtent à recevoir de la visite.
Les tout premiers jours, toute la famille se réunit dans le domicile du père, chef du foyer. Une manière de renouer et consolider les liens familiaux, entretenir des conversations et vivre le partage et la solidarité dans la bénédiction.
A la rupture du jeûne, la table est très variée, consistante et nutritionnelle: salades, plats de résistance, jus…
Au menu: plusieurs boissons «Souss», dattes, caroube, jus (Tamr Al Hindi), hors-d’oeuvre et apéritifs.
Les plats de résistance jordaniens réputés restent incontestablement «Al maklouba», mélange de légumes et de riz, «Al kabssa», mets à base de riz et de viande, feuilles de raisin.
«Al mensaf» est un autre plat principal préféré des Jordaniens en cette période. Il constitue la fierté de la cuisine hachémite. Il est préparé à base d’agneau cuit dans du «lebneh» (produit laitier) avec des herbes aromatiques et servi avec du riz. Al Fattouch est primordiale dans la table du f’tour. Une salade variée composée de morceaux de pain arabe, feuilles de menthe et pourpier.
Comme dans de nombreux pays de la région, la tradition en Jordanie veut que le f’tour soit consistant et servi d’un seul coup avec le dîner. L’on sert souvent dattes, soupe, salades suivies du plat de résistance. Après, les délices des sucreries: gâteaux et galettes sont servis tout au long de la soirée. Comme au Liban, «Al qatayef», sorte de raghif sucré au fromage, reste le plus consommé.
Viennent après le tirmiss, graines comme les poischiches et les fèves bouillis.
Le soir à Amman, une ville considérée comme étant la plus ancienne sur Terre, Ramadan est d’habitude chaleureux et très animé. La particularité de cette ville millénaire est que le nouveau monde cohabite avec l’ancien, la civilisation antique côtoie harmonieusement l’architecture moderne.
Les soirées ramadanesques revêtent un caractère sacré à Amman. Beaucoup de Jordaniens passent leur soirée à lire des sourates et versets du Livre saint. D’autres égrennent des chapelets entre leurs doigts et invoquent Dieu. Toutes les mosquées sont pleines lors des Tarawihs. Les veillées vont jusqu’au lever du jour.
Beaucoup de gens préfèrent rester à la maison, alors que d’autres se rendent aux cafés où souvent un étage est réservé aux familles. Au rez-de-chaussée et sur les terrasses, occupés généralement par les hommes, l’on sirote le café et fume la pipe orientale à volonté.
Juste avant l’aurore, les Jordaniens mangent des fromages blancs, des gâteaux, les pois cassés et la pomme de terre bouillie lors du s’hour.
Côté animation, spectacles de chant et humour sont organisés le soir dans des hôtels. La musique sacrée à cachet spirituel est très appréciée par les Jordaniens durant ce mois en particulier ainsi que les chants folkloriques. Il en est de même que pour des soirées poétiques.
Autre événement phare du mois sacré en Jordanie, l’organisation de concours de récitation du Coran et autres psalmodies. Les participants viennent d’Afrique, du Moyen-Orient et d’Asie.
Sur le plan commercial, plusieurs foires et expositions de produits alimentaires et artisanaux sont tenues tout au long du mois sacré.
Mais c’est surtout l’opération «Sahn Al Jirane» (tdlr: plat des voisins) qui revêt un caractère particulier dans tout le pays. Gage de partage, de générosité et d’hospitalité, cette opération est organisée par des familles. Plus solidaires, ces dernières préparent un grand plat qu’elles partagent avec leurs voisins, lesquels le restitue avec ce qu’ils ont déjà préparé. Au total, et dans chaque foyer, sont servis au moins une dizaine de plats variés provenant du voisinage.
Mieux encore, l’Aïd dure trois jours en Jordanie. C’est la fête de la famille et des amis par excellence. C’est l’occasion rêvée de souhaiter ses meilleurs voeux pour l’année qui vient. Mais aussi de siroter des tasses de café parfumé à la cardamone. La coutume veut que l’on boive trois tasses: la première marque la bienvenue, la deuxième est à l’honneur des invités, alors que la troisième incarne les voeux pour l’année qui suit.
Source : L’Economiste
Laisser un commentaire